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Philosophie du projet

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La philosophie du foyer selon son fondateur

Le mot Foyer est une tentative de traduction du mot en Kinyarwanda “Urugo”. Celui-ci signifie la maison familiale qui accueille sans distinction aucune, réchauffe les cœurs, console, fait grandir, unit, élève, illumine, réconcilie, réconforte, accompagne, etc. En effet, les écoles classiques en Afrique ont été, la plupart du temps, construites loin des villages, sur les terrains des églises. Pour beaucoup d’enfants, il faut encore faire de longs trajets à pieds pour aller à l’école. Ce type d’école était coupé de la réalité familiale et communautaire. L’école était vécue comme un arrachement de l’enfant à la vie du village. Or, nos villages africains ont quelque chose d’original qu’il faut préserver pour le bien de l’humanité. Le Foyer devrait remplir ce rôle.

 

Le Foyer, tel que je le conçois, est un lieu du croisement entre les savoirs et la sagesse. Tous les âges sont concernés car, comme la maison familiale, le Foyer accueille les enfants, les jeunes, les adultes, etc. Les enfants sont connectés à l’environnement du village au sens complexe du terme, c’est-à-dire l’environnement géographique et historique mais aussi culturel et humain. Le Foyer promeut le développement intégral de l’enfant. Il ne s’agit pas d’un lieu de compétition mais de coopération entre les enfants, et ce, à l’exemple des activités de collaboration et d’entraide entre les adultes, entre les générations, entre les cultures, etc.

 

Le Foyer est le lieu de la rencontre de l’autre, de l’accueil de l’autre, de la découverte et de l’enrichissement mutuel. Il est une porte au dialogue, à l’ouverture, au développement de la curiosité et de l’esprit d’analyse, au dépassement de soi, à l’innovation, etc. Il est le lieu de la rencontre entre la culture urbaine et la culture rurale, entre les peuples, etc. Il permet d’envisager avec optimisme l’avenir, à vivre dans un monde où la lumière de la connaissance illumine l'obscurité de l’ignorance, le développement solidaire détrône l'égoïsme, le désespoir cède à l’espoir, le gaspillage de talents se transforme en la valorisation des qualités de chacun, etc.  

Le fondateur du foyer et ses inspirations

Je m’appelle Jean-Paul Niyigena et je suis né le 02 mars 1979 dans le village de Zaza au Rwanda. L’idée de fonder le Foyer du village s’ancre dans mes deux expériences de vie : mon enfance marquée par le catholicisme missionnaire et les valeurs apprises dans mon village. 

 

J’ai grandi dans un environnement catholique et l’Église catholique a largement contribué à mon éducation scolaire et humaine. Le Frère Gaston Jeurissen, frère de la charité de Gent en Belgique (Il est aujourd’hui en retraite bien méritée en Belgique), comme d’autres Frères belges qui vivaient dans notre village, a suscité et développé l’éveil intellectuel de beaucoup d’enfants de mon village. Ce n’est peut-être pas par hasard que je suis professeur dans l’enseignement supérieur en Belgique et au Rwanda. Ce missionnaire nous ouvrait l’esprit très tôt. Dès six ans, je suis entré dans son groupe de Petits Chanteurs où l’on apprenait à lire le Kinyarwanda, le Français, le Latin et parfois l’Allemand, l’Anglais, l’Italien et le Néerlandais selon les besoins en termes de chants. Il nous a ouvert au monde. C’est grâce à lui que, comme beaucoup de jeunes de mon village, j’ai fait la rencontre d’autres personnes et d’autres lieux à Kigali, en Europe, etc. En effet, il organisait, au Rwanda voire en Europe, les concerts que nous animions avec d’autres enfants venus d’ailleurs.

 

Dans ce village de Zaza, je n’y ai pas vu seulement le Frère Gaston Jeurissen à qui je rends un vibrant hommage. En effet, sur le plan communautaire et d’après ma condition sociale et familiale, rien ne me destinait à devenir ce que je suis devenu. J’ai bénéficié de la bienveillance et de la générosité des autres de façon indicible. Je suis l'aîné d’une famille de deux enfants. Mon père qui avait une profession respectée de tout le village, puisqu’il était l’agronome de toute la commune, est mort quand j’avais trois ans. Pour subvenir aux besoins élémentaires de notre famille, ma mère bénéficiait du soutien de la communauté. Je me souviens que les frais de ma scolarité étaient toujours payés par les personnes de la communauté et avec qui je n’avais aucun lien biologique. Cela fut le cas de l’école primaire jusqu’à l’université. Ici, je rends un  hommage filial à Monseigneur Kizito Bahujimihigo. À 17 ans, j’ai perdu ma mère. Mon frère et moi allions désormais vivre dans notre maison sans une autre présence, surtout pendant les vacances scolaires, puisque nous étions à l’internat. Pendant ces vacances, les voisins n’hésitaient pas à nous donner des aliments à préparer. Tout le village a été notre père et notre mère. Notre maison était donc vide pendant la période scolaire et nous l’occupions pendant les vacances scolaires. Alors que les autres élèves laissaient leurs matelas, draps et couvertures à l’internat pendant les vacances, nous rentrions avec les nôtres parce qu’on n’en avait pas d’autres à la maison. Pour laisser nos objets en sécurité (casseroles, gobelet, jerrican, lampe à pétrole) nous les confiions à nos voisins. Même si ceux-ci étaient pauvres matériellement, ils étaient très riches de cœur pour partager le peu qu’ils avaient avec nous. Alors qu’ils n’avaient pas assez pour nourrir leurs enfants, ils en avaient toujours assez pour partager avec les orphelins que nous étions.

 

En rapport avec le Frère Gaston Jeurissen, désormais, les enfants de mon village n’ont plus l’occasion de cet émerveillement devant l’autre, de cette source intarissable où puiser curiosité, ambition et courage, en vue de regarder le monde avec plus d’espérance. Ce Foyer est ce lieu de quelques rayons de soleil, de rencontre, d’espoir, de confiance, de réconfort, de dialogue et d’humanité. Par rapport aux gestes d’humanité dont de mon village m’a comblé, je voudrais rendre à ce village le bien qu’ils m’ont fait en leur offrant le Foyer avec tout son sens propre et figuré.

 

Mon souhait est que chaque village en Afrique puisse avoir son  Foyer et que celui-ci participe au développement de tous en savoirs et en sagesse. 

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